Les Journées du patrimoine ont attiré un public nombreux dans la collégiale. En ce jour particulier, où l’affluence de publics divers est à prendre en compte, les Amis de l’orgue avaient eu la riche idée de programmer un concert tout en étonnements. Des musiques de notre époque côtoyaient des œuvres légères du Second empire, signe d’une diversité de caractères toujours à souligner. François Clément, aux claviers, venu de Clermont-Ferrand, rendait d’ailleurs hommage à deux musiciens qui l’ont précédé au titulariat de l’orgue de la cathédrale, Lemaigre et Claussmann, en jouant avec style et précision plusieurs de leurs œuvres. Il poursuit d’ailleurs cette pratique d’interprète compositeur en proposant plusieurs de ses propres œuvres, signe toujours encourageant d’une vitalité de l’orgue, instrument qui inspire encore à notre époque les créateurs. C’est d’ailleurs une habitude de l’association d’inscrire au programme de ses concerts de compositeurs vivants. La musique de François Clément, tour à tour délicate et très dynamique, n’a pas manqué de plaire.
C’est Vincent Genvrin qui assurera le troisième Double Jeu ! de la série, en jouant à Romans le samedi 22 septembre à 17h00 et le dimanche 23 septembre à Saint-Antoine-l’Abbaye à 17h00, selon la formule désormais bien rodée établie entre les deux associations. Né en 1965, Vincent Genvrin a étudié l’orgue avec Jean Boyer au Conservatoire de Lille, Odile Bailleux puis Xavier Darasse au Conservatoire national supérieur de Lyon où il a obtenu son diplôme en 1986. Il s’est perfectionné ensuite en Belgique avec Bernard Foccroulle et Jean Ferrard. En 1988, il a remporté le Premier prix du concours Alexandre Guilmant à Boulogne-sur-mer et en 1994, le Prix international du disque de la Société Liszt de Budapest pour son interprétation de la « Via Crucis » avec le chœur Sacrum de Riga (Lettonie). Il est titulaire, à Paris, de l’orgue historique François Henri Clicquot de Saint-Nicolas des Champs et de l’orgue Schwenkedel de Saint-Thomas-d’Aquin. Titulaire du certificat d’aptitude, il est professeur d’orgue au Conservatoire de Dieppe. Il est coordinateur artistique de l’Académie d’orgue de Dieppe, créée en 2010 à la suite de l’Académie de Saint-Dié-des-Vosges (1968-2009).Vincent Genvrin s’est distingué par une dizaine d’enregistrements discographiques salués par la critique. Il est directeur artistique du label Hortus.
Ce musicien chevronné, très apprécié dans le milieu musical pour la qualité de son jeu et la finesse de son approche comprendra, à Romans, de grandes œuvres de Johann Sebastian Bach : « Prélude et Fugue en mi bémol majeur BWV 552 » et trois chorals extraits de la Clavier Übung (BWV 672-674). On appréciera l’esthétique plus galante d’un des fils du Cantor, Carl Philipp Emanuel, dans sa « Quatrième Sonate » avant de découvrir une adaptation à l’orgue des « Kinderstück n° 4 et 5 » de Felix Mendelssohn-Bartholdy. Du fantasque Alfred Lefébure-Wely, star de l’orgue du milieu du XIXe siècle, on entendra l’« Offertoire en ré mineur », la « Communion en fa majeur », les trois versets de l’« Hymne Adoro te » et la brillante « Sortie en mi bémol majeur ». A Saint-Antoine-l’Abbaye, le public pourra aussi s’attendre à quelques découvertes. D’Henry Du Mont, on entendra l’« Allemande grave », la « Pavane » et une autre « Allemande ». Extraits du « Manuscrit de Limoges », constitué autour de 1720-1730, on découvrira les « Quatre Versets sur Ave maris stella » et d’une rare compositrice de l’époque baroque, Élisabeth Jacquet de la Guerre, la « Sonata en sol mineur » transcrite par Vincent Genvrin. Le « Choral-Fantaisie Nun freut euch lieben Christen g’mein BuxWV 210 » de Dietrich Buxtehude précèdera les pièces du 4e ton extraites des deux « Livres d’orgue » de Jacques Boyvin.
Il convient de rappeler que ces concerts sont gratuits (participation aux frais). Les éminents musiciens reçus chaque semaine sont l’honneur des tribunes qui les accueillent : ils sont aussi, pour les mélomanes, une chance d’entendre des virtuoses reconnus et demandés.